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Effet de Halo

« J’utilise ma première impression pour tirer des conclusions sur le ‘portrait global’. »

Définition

L’effet de halo se produit lorsqu’une première impression basée sur un seul trait d’un objet évalué est généralisée à d’autres aspects, parfois non reliés, de cet objet. Ce biais cognitif se manifeste lorsque les individus jugent rapidement une personne en se basant sur les impressions favorables ou défavorables d’une de ses caractéristiques. L’effet de halo n’est pas limité aux individus et peut également se produire lorsque nous jugeons certaines choses telles que des entreprises ou des lieux. Le sentiment suscité par la première impression est transféré aux autres facettes de l’objet qui n’ont pas été réellement explorées par l’individu [1]. Même si cet effet est plus fréquemment associé à un biais positif, il est également possible qu’un biais négatif en résulte, selon la nature de l’impression initiale [2]. Le terme effet de halo vient du fait qu’un seul trait empreint entièrement le jugement, tout comme le halo souvent dépeint dans l’art religieux empreint entièrement une personne [1].

Exemple

Une entreprise embauche pour un poste. La personne responsable de l’embauche rencontre deux candidats présentant tous deux un curriculum vitae moyen et une expérience équivalente sur le terrain. Avant de faire passer les candidats en entrevue, la personne responsable de l’embauche voit les deux candidats assis côte à côte et trouve l’un d’entre eux davantage séduisant physiquement que le second. Trouver que quelqu’un possède une certaine beauté suscite une impression positive et un sentiment globalement positif. Ce sentiment positif est ensuite généralisé aux autres caractéristiques du candidat, telles que sa compétence. La personne séduisante est donc perçue comme plus intelligente, plus responsable et mieux qualifiée en raison de l’effet de halo. Le candidat séduisant a donc de meilleures chances d’être embauché par la personne en charge.

Explication

L’effet de halo est un phénomène psychologique bien connu. Malgré cela, plusieurs hypothèses ont été proposées pour l’expliquer, ce qui signifie qu’il n’existe pas de réponse claire à savoir pourquoi ce phénomène se produit [3]. L’une des explications les plus répandues implique des mécanismes cognitifs tels que le processus automatique et constructiviste gestalt. Globalement, ce processus implique de lier ensemble les différents éléments d’information qui nous sont disponibles afin de former un tout cohérent (tout comme assembler les morceaux d’un casse-tête afin d’en voir l’image finale) [3]. L’effet de halo, en contrepartie, utilise un seul élément d’information et le généralise afin de former une image complète. Malgré cette légère distinction, plusieurs croient qu’un mécanisme tel que le processus de la Gestalt pourrait être à la source de l’effet de halo.


D’autres théories incluent l’effet de « congruence de l’humeur ». Des chercheur-es en psychologie ont découvert qu’être de bonne humeur rend les informations positives plus accessibles à notre esprit. Si un élément d’information est accessible facilement, il est plus probable que ce dernier soit utilisé afin de former un jugement rapide. Ainsi, lorsqu’une personne est de bonne humeur, la petite partie d’information positive qui lui est déjà accessible est plus susceptible d’être utilisée afin de se faire une opinion rapide sur un objet, induisant donc l’effet de halo. L’humeur influence également la façon dont nous traitons l’information [3]. Par exemple, si vous êtes de bonne humeur, vous êtes plus susceptible de voir ce qui vous entoure de façon positive. Au contraire, si vous êtes triste, vous êtes plus susceptible d’avoir une perspective pessimiste face à ce qui vous entoure. Par conséquent, être de bonne humeur est susceptible de faire en sorte que vous utiliserez un aspect positif d’un objet afin de porter un jugement rapide sur celui-ci, alors qu’être de mauvaise humeur est susceptible de faire en sorte que vous utiliserez un aspect négatif de l’objet afin de vous en faire une opinion. Ainsi, l’humeur peut influencer le ton du jugement formé par l’effet de halo.

Conséquences

L’effet de halo peut avoir des répercussions dans plusieurs domaines de nos vies. Tel que mentionné dans l’exemple, l’effet de halo peut jouer un rôle important dans les entrevues d’embauche ; dans une situation où deux candidat-es ont des expériences préalables équivalentes, l’effet de halo peut faire en sorte que l’employeur-e choisira le ou la candidat-e au physique le plus séduisant. De façon plus générale, l’idée reçue selon laquelle ce qui est beau est bon est un autre exemple de l’effet de halo [4]. En politique, une politicienne qui se présente comme accueillante et chaleureuse a plus de chances d’être appréciée et appuyée par les gens, et ce même si elle présente peu d’idées ou de plans concrets [2]. Le milieu du marketing tire souvent avantage de l’effet de halo. Par exemple, un joli emballage ou une jolie publicité peut porter certaines personnes à conclure que le produit doit être bon. L’effet de halo peut être présent chaque fois qu’il y a une interaction entre des personnes [2, 3].

Pistes de réflexion pour agir à la lumière de ce biais

  • Fait intéressant : le simple fait d’être conscient-e de ce biais ne vous rend pas moins susceptible d’y succomber. Dans une étude, des participant-es étaient explicitement informé-es de l’effet de halo avant d’accomplir une tâche et pourtant, ils ont tout de même manifesté le biais.

  • Il a été montré qu’un processus de pensée plus systématique et minutieux réduit l’effet de halo.

  • Être d’humeur négative réduit l’effet de halo (sans dire que vous devriez être de mauvaise humeur, essayez d’être conscient-e de l’effet contagieux d’une humeur trop positive lorsque vous devez prendre des décisions) [3].

Comment mesure-t-on ce biais?

Ce biais est généralement mesuré en montrant des enregistrements vidéo de personnes à des participant-es, puis en leur demandant (1) d’évaluer leur première impression de ces personnes et (2) d’inférer d’autres traits que ces personnes pourraient avoir et qui n’ont pas été montrés dans la vidéo. Dans une étude classique, des chercheur-es ont montré à des étudiant-es des enregistrements vidéo d’un professeur. La moitié des participant-es ont vu la vidéo du professeur ayant une attitude chaleureuse et positive. L’autre moitié des participant-es ont vu la vidéo du même professeur, mais présentant une attitude froide et neutre. Après avoir écouté les enregistrements, les étudiant-es devaient évaluer l’amabilité du professeur, son attractivité physique et à quel point ils et elles aimaient son accent. Les chercheur-es ont observé que les étudiant-es ayant visionné la première vidéo ont trouvé le professeur plus attirant et son accent plus agréable. Les étudiant-es ayant visionné la seconde vidéo ont trouvé l’apparence physique et l’accent du professeur irritables. Ceci démontre que, dans les deux cas, le jugement initial formulé par les étudiant-es (basé sur la « chaleur » du professeur) a eu un impact sur leur opinion d’autres traits non reliés (comme l’attractivité physique, l’amabilité et l’accent), ce qui démontre que l’effet de halo était à l’œuvre dans les deux cas [2].

Ce biais est discuté dans la littérature scientifique :

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Ce biais a des répercussions au niveau individuel ou social :

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Ce biais est démontré scientifiquement :

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Références

[1] Nisbett, Richard E. & Timothy D. Wilson (1977). The halo effect: evidence for unconscious alteration of judgments. Journal of Personality and Social Psychology 35(4): 250.


[2] Abikoff, Howard, Mary Courtney, William E. Pelham & Harold S. Koplewicz (1993). Teachers' ratings of disruptive behaviors: The influence of halo effects. Journal of Abnormal Child Psychology 21(5): 519-533.


[3] Forgas, Joseph P. (2011). She just doesn't look like a philosopher…? Affective influences on the halo effect in impression formation. European Journal of Social Psychology 41(7): 812-817.


[4] Wetzel, Christopher G., Timothy D. Wilson & James Kort (1981). The halo effect revisited: Forewarned is not forearmed. Journal of Experimental Social Psychology 17(4): 427-439.

Tags

Niveau individuel, Niveau interpersonnel, Niveau intergroupes, Heuristique de représentativité, Besoin de fermeture cognitive

Biais reliés

  • Effet de la corne

  • Biais de substitution

  • Effet de congruence émotionnelle

  • Synonyme : erreur de halo, effet de contamination

Auteur-e

Camille Comeau poursuit actuellement un baccalauréat en psychologie à l’Université de Montréal. 

Traduit de l’anglais au français par Sarah Maillé.

Comment citer cette entrée

Comeau, C. (2021). Effet de halo, trad. S. Maillé. Dans C. Gratton, E. Gagnon-St-Pierre & E. Muszynski (Eds). Raccourcis : Guide pratique des biais cognitifs Vol. 4. En ligne : www.shortcogs.com.

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