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Erreur d’attribution fondamentale

« J’explique les actes d’une personne par ses caractéristiques personnelles en sous-estimant l’influence de la situation. »

Définition

Plusieurs facteurs influencent le comportement d’une personne. Nous pouvons placer ces différents facteurs dans deux catégories : les causes externes (la situation, l’environnement) et les causes internes à la personne (motivations, dispositions, personnalité). Lorsque nous voulons expliquer le comportement d’autrui, nous avons tendance à croire que les causes internes ont plus d’importance que les causes externes [1]. Nous allons penser que le comportement de la personne est expliqué par sa personnalité, tout en sous-estimant l’influence des facteurs externes qui l’ont poussée à agir de cette façon. Ce biais serait plus présent dans les cultures occidentales que dans les cultures orientales [4].

Exemple

Vous marchez dans la rue, quand soudain, un homme vous dépasse rapidement en vous bousculant. Vous allez probablement penser que cet homme est malpoli. Cependant, il se peut aussi que cet homme soit en retard pour son travail et qu’il doive se dépêcher, ce qui pourrait aussi expliquer son comportement. Vous avez donc attribué une cause interne au comportement (il est malpoli) tout en sous-estimant de potentiels facteurs externes (il est en retard).

Explication

Généralement, notre attention se porte sur l’élément le plus saillant d’une situation. Lorsque nous devons étudier le comportement d’autrui, cet élément est souvent l’acteur au cœur de cette situation. Contrairement aux causes internes, les causes externes à l’acteur sont peu disponibles pour nous. Porter attention à l’environnement nécessite donc davantage d’énergie. Conséquemment, nous allons d’emblée conclure que les causes des actes viennent de l’acteur [3]. L’ampleur de ce biais est déterminée par la motivation de l’observateur-trice. S’il ou elle est déterminé-e à avoir un jugement non biaisé sur l’acteur, l’observateur-trice peut faire plus d’efforts pour prendre en considération des facteurs extérieurs, et son jugement sera moins biaisé. Ce biais serait aussi influencé par notre humeur. Le fait d’être soi-même de mauvaise humeur peut être perçu inconsciemment comme le signal d’un danger imminent. C’est pourquoi une personne de mauvaise humeur aurait tendance à être plus vigilante dans le traitement des informations. Elle ferait plus attention à l’environnement, et elle commettrait moins l’erreur d’attribution fondamentale en comparaison à une personne de bonne humeur. [5]


Il peut également être anxiogène d’attribuer des causes externes (et donc incontrôlables) aux comportements d’autrui. Après tout, si cela arrive aux autres et qu’ils n’ont pas eu de contrôle, cela peut nous arriver à nous aussi. En nous concentrant sur les causes internes des comportements d’autrui, nous conservons une impression de contrôle et diminuons ainsi notre anxiété [3].

Conséquences

Même si l’erreur d’attribution fondamentale a des conséquences positives et neutres (si les causes du comportement sont réellement internes, notre jugement sera approprié), elle a aussi d’importantes conséquences négatives. Elle est commise par chacun, plusieurs fois par jour, et ce biais fausse notre jugement et notre compréhension d’autrui. Il affecte nos relations avec les autres, puisque nos comportements sont guidés par notre compréhension erronée des autres [3].


Nous avons tendance à voir les membres d’un autre groupe de manière homogène, c’est-à-dire que nous les considérons comme étant similaires. Ainsi, si nous jugeons incorrectement un membre d’un groupe à cause de l’erreur d’attribution fondamentale, ce jugement erroné peut se généraliser à tous les membres de ce groupe. Ce biais peut donc renforcer, voire créer, des stéréotypes concernant des groupes, et entrainer des préjugés et de la discrimination envers leurs membres [3]. L’erreur d’attribution fondamentale peut donc contribuer à la discrimination envers les membres de groupes minoritaires.

Pistes de réflexion pour agir à la lumière de ce biais

  • Il est important de remettre en question les stéréotypes et les idées reçues concernant les groupes minoritaires, car le jugement que l’on porte est souvent teinté par plusieurs biais, dont l’erreur d’attribution fondamentale.

  • Lorsque nous voulons déterminer les causes des actes d’une personne, il est nécessaire de faire un effort pour examiner l’environnement qui l’entoure.

  • Il serait important de s’informer sur le fonctionnement et les conséquences de l’erreur d’attribution fondamentale. Cela permettrait de se motiver à faire plus attention à ses jugements initiaux, et les corriger si nécessaire.

Comment mesure-t-on ce biais?

La manière classique de mesurer ce biais est de demander aux participant-es quelles sont, selon elles et eux, les caractéristiques de la personnalité de l’acteur observé. Si les participants décrivent des caractéristiques correspondantes à l’action effectuée par l’acteur (exemple : l’acteur est maladroit), même si des causes extérieures sont perceptibles et pourraient expliquer ce comportement, cela peut démontrer une erreur d’attribution fondamentale. Il est possible que les causes de l’action soient réellement internes, mais sous-estimer les facteurs extérieurs démontre une erreur d’attribution fondamentale.

Ce biais est discuté dans la littérature scientifique :

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Ce biais a des répercussions au niveau individuel ou social :

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Ce biais est démontré scientifiquement :

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Références

[1] Lee Ross (1977). The intuitive psychologist and his shortcomings: distortions in the attribution process. Advances in experimental social.


[2] Edward E. Jones & Victor A. Harris (1967). The attribution of attitudes. Journal of Experimental Social Psychology, 1-24.


[3] Berry Zachariah & Joel Frederickson (2015). Explanations and implications of the fundamental attribution error: a review and proposal. The Journal of Integrated Social Sciences ISSN 1942-1052 : 46-57 (méta-analyse)


[4] Incheol Choi, Richard. E. Nisbett & Ara Norenzayan (1999). Causal attribution across cultures: Variation and universality. Psychological Bulletin, 125, 47-63


[5] Joseph P. Forgas (1998). On Being Happy and Mistaken: Mood Effects on the Fundamental Attribution Error. Journal of Personality and Social Psychology, Vol. 75, No.2, 318-331

Tags

Niveau individuel, Niveau interpersonnel, Niveau intergroupes, Heuristique de disponibilité, Heuristique de représentativité, Besoin de fermeture cognitive, Besoin de sécurité

Biais reliés

Auteur-e

Louison Gros, Licence de psychologie, Université Savoie-Mont-Blanc.

Comment citer cette entrée

Gros, L. (2020). Erreur d’attribution fondamentale. Dans E. Gagnon-St-Pierre, C. Gratton & E. Muszynski (Eds). Raccourcis : Guide pratique des biais cognitifs Vol. 2. En ligne : www.shortcogs.com

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